SYNOPSIS
Un homme seul et marginal se sent oppressé par la marche du monde. Il lui est difficile d »exister en tant qu »être social, Il rêve d »amour mais ne sait pas ce que c’est, alors il fantasme une rencontre bouleversante…
LE SON DE A SENS UNIQUE
Le muet-sonore
Se différenciant du cinéma muet et du cinéma parlant, le muet-sonore constitue une forme à part entière. Historiquement considéré comme La forme dominante, elle fut ardemment défendu face à l’avènement du parlant à la fin des années 20. Ainsi le critique Russe Victor Chlovski, un des leaders du mouvement formaliste russe déclarait en 1927 « Un film parlant est aussi peu utile qu’un livre chantant». On se souviens également de cette célèbre réplique de Gloria Swanson dans Sunset boulevard de Billy Wilder (1950) « Des mots, des mots, des mots. Ils ont fait une corde de mots et ont étranglé cette industrie !».
Aujourd’hui relégué au rang de cinéma expérimental ou d’art vidéo le muet-sonore est devenu bien marginal. Considéré à tort comme trop abstrait, ou difficile d’accès il présente à mon sens une forme pure et universelle, dans laquelle l’inexactitude du langage dans son rapport signifiant / signifié n’a pas de prise.
Une nouvelle approche de la bande son
L’absence de dialogues impose une écoute différente. Le son joue un rôle narratif important et doit etre suffisamment expressif pour suggérer l’intention des scènes. A l’origine la musique jouait ce rôle de vecteur de sentiments, alors qu’ici la bande son est composé essentiellement de bruitages et de sound design., proposant certainement quelque chose de moins connoté ou déjà entendu. C’est donc un travail particulier sur des matières sonores, qui à conduit le mixage du film. Abordé de manière empirique, sans contraintes, sans codes à respecter, c’est précisément cette sensation d’inventer et de proposer quelque de neuf et d’original qui m’a motivé tout le long de cette aventure.
Les ambiances
Le film est centré sur le personnage principal, il offre un point de vue subjectif sur cet homme que l’on suit à travers ses différents états psychologiques entre rêve, réalité, et folie… Au son il à donc fallu marquer des différents moments en composant des ambiances plus ou moins réalistes.
Par exemple: Dans la séquence foret l’ambiance naturelle (foret / oiseaux) est doublée avec des sons d’oiseaux synthétiques généré avec un Waldorf Microwave XT, synthétiseur avec un grain caractéristique qui pétille dans les aiguës. Mixé un peu en retrait cette couche de son discrète produit un effet irréaliste qui correspond à une séquence de rêve.
Le fil conducteur
Le champ lexical sonore ferroviaire / métallique récurant constitue un fil conducteur nous entrainant dans ce voyage « à sens unique ». Il était important que ce « fil » paraisse ininterrompu et que la bande son donne l’impression d’un flow continu. Le film commence avec un train qui arrive, qui prend en charge le spectateur, et il se termine avec un train qui s’en va. Techniquement il s’agissait de faire un mix à la fois fluide, très coulé, mais suffisamment varié pour marquer les différentes étape de ce voyage. Un soin tout particulier à été apporté aux transitions entre les séquences. Celle-ci sont à la fois cut tout en conservant une dynamique. Cela produit une sensation étonnante, comme si quelque chose arrivait à traverser et perdurer d’une séquence à l’autre et ceux malgré des ruptures d’ambiances radicales.
Autre particularité
Pour la marche robotiques des hommes d’affaires, j’ai utilisé un sampleur AKAI S2000, cet appareil des années 90 a une fonction « timestretch » qui permet d’étirer ou de réduire la longueur d’un échantillon audio. Utilisant un algorithme aujourd’hui dépassé cette fonction induit une distorsion très particulière et métallique. On retrouve généralement cet effet sur des voix House et UK Garage de l’époque. Pour ce film je l’ai utilisé sur des pas enregistrés.